| Nox : déesse romaine de la nuit, équivalente de Nyx chez les Grecs ; déesse qui chaque jour apporte la nuit ; fille du chaos, mère de la magie, des rêves, du sommeil, de la mort et de la vieillesse |
Connaissez-vous la déesse gréco-romaine de la nuit ?
On connaît le soleil, Hélios, personnellement car il est le père de Circé et le grand-père de Médée ; on connaît un peu la lune, Séléné, parce qu’elle est associée à Artémis, la chasseuse, et à Hécate, la magie. Mais la nuit, pour moi, c’était un point d’interrogation.
La déesse de la nuit, c’est donc Nox, chez les Romains, ou Nyx, chez les Grecs, fille du chaos, qui apporte la nuit chaque soir sur son char. C’est un épisode un peu spécial, car en fait, on sait peu de choses sur Nox même, puisqu’elle était autant une déesse qu’une personnification, une abstraction. Nous allons donc explorer la déesse en explorant ce qu’elle signifiait, et ce que signifiait la nuit, même pour les Romains, de la mort à l’amour, du sexe à la magie, des banquets aux insomnies.
C’est un épisode spécial également, puisqu’il est lié à une exposition, Nox : Au coeur de la nuit, qui se tient actuellement au Musée romain de Lausanne-Vidy, en Suisse. Je m’y suis donc rendue, pour visiter l’exposition et surtout rencontrer Karine Meylan, la directrice du musée.
D’ailleurs, petite mise en garde, vous aurez quelques légers « boums », surtout au début de la conversation, ce sont des portes qui claquent dans les couloirs du musée, l’inconvénient de n’être pas en studio, car un musée ça vit ! Mais promis ça ne devrait pas déranger trop.
Illustration : Tami Hopf / Musée romain de Lausanne-Vidy
C’est particulièrement intéressant que le musée se trouve à Lausanne, puisque la ville moderne est bâtie sur la cité antique de Lousonna. Le musée est d’ailleurs bâti autour d’une domus, une villa antique, qu’on aperçoit entre les étages, et gère le parc archéologique qui rassemble une partie des vestiges de la cité romaine.
Ensemble, nous avons donc parlé de Nox, et de la nuit qu’elle personnifie. Nous avons parlé d’être la fille du Chaos, l’épouse des Ténèbres et la mère de la Mort et de la Magie – d’être une déesse primordiale, et d’inspirer la crainte à Zeus même.
Nous avons parlé de manger des raisins allongés sur un divan, de sexualité féminine méconnue, de pratiquer la magie par vengeance ou par amour, d’interpréter les rêves, et de guérir les insomnies avec de la bile de chèvre.
Enfin, nous avons parlé de bâtir une exposition, de rendre l’Antiquité accessible au présent, et de ce que la nuit nous inspire encore aujourd’hui.
Pour tout ça, et plus encore, je vous invite à rejoindre ma conversation avec Karine au sujet de la déesse Nox.

L’experte invitée
Karine Meylan est titulaire d’un Master à l’Université de Lausanne en Archéologie gallo-romaine, Histoire ancienne et Histoire ainsi que d’un certificat en pratique muséale de l’International Council of Museums (ICOM).
Doctorante en archéologie à l’Université de Lausanne, spécialisée en médiation des sciences historiques, elle est aussi la co-fondatrice de la collection Les Guides à pattes, ouvrages destinés aux enfants présentant différents sites archéologiques suisses.
Directrice du Musée romain de Lausanne Vidy depuis 2022, elle dispose d’une grande connaissance du domaine muséal de l’archéologie pour avoir aussi travaillé plus de dix ans comme conservatrice à l’ArchéoLab – Villa romaine de Pully et comme commissaire d’exposition à la Villa romaine d’Orbe- Boscéaz, au Musée des Arts et des Sciences de Sainte-Croix et à l’UNIL.
Passionnée par la transmission des connaissances et l’échange avec différents publics, elle a mené de nombreux projets en médiation culturelle, en particulier dans le domaine de l’Histoire vivante.
Écouter l’épisode
Date de sortie : 7 février 2025
Disponible sur :
Dans l’histoire de l’art




Bibliographie
Bibliographie sur Nox et sur la Nuit
- Nuits antiques, dir. V. Leroux, Belles Lettres, 2013.
- La Nuit: imaginaire et réalités nocturnes dans le monde gréco-romain, Entretiens de la F. Hardt, dir. A. Chaniotis, 2018.
- « La représentation de la Nuit dans l’Antiquité grecque : fondements, spécificités, significations. », C. Granger, in Bollettino della Società Geografica Italiana serie 14, 1(2): 43-51, 2018.
- Angelos Chaniotis, « The Epigraphy of the Night », in: Carlos F. Noreña and Nikolaos Papzarkadas (eds), From Document to History : Epigraphic Insights of the Greco-Roman World, Brill, 2019.
- Menelaos Christopoulos, Efimia D. Karakantza et Olga Levianouk (eds.), Light and Darkness in Ancient Greek Myth and Religion, 2010.
- Laurent Chrzanovksi, Lumière ! L’éclairage dans l’Antiquité, catalogue de l’exposition du musée romain de Nyon, 2003.
- James Ker, « Nocturnal Writers in Imperial Rome: The Culture of Lucubratio“, Classical Philology, 99.3, 2004, 209-242
- James Ker and Antje Wessels (eds), The Values of Nighttime in Classical Antiquity : Between Dusk and Dawn, Brill, 2020.
- Holley Moyes et Costas Papadopoulos, The Oxford Handbook of Light in Archaeology, Oxford University Press, 2022.
Textes lus
- Quintilien, Institution oratoire, livre X, chapitre 3, 25-27 (p.117)
- Homère, Iliade, Traduction par Leconte de Lisle, A. Lemerre, 1866 (p. 252-266).
- Ovide, L’Art d’aimer, Livre II, Traduction par V.-H. Chappuyzi, Texte établi par Félix Lemaistre, Garnier frères, 1858 (p. 206-244).
- Hésiode, La Théogonie, traduit par Henri Patin, Académie française, 1872
- Sénèque, Lettres à Lucilius, 122
- Pétrone, Satiricon, Le festin de Trimalcion, XXXIV
- Hymnes orphiques, Recueil de Pergame, Hymne 85
- Hymnes orphiques, traduction de Robert Brasillach, Anthologie de la poésie grecque
Interprètes des lectures à haute voix : Vincent Bonillo, Cyprien Colombo, Anthony-David Gerber – Crédits : Musée romain de Lausanne-Vidy.


